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L'épingleur
23 décembre 2016

La fin des hipsters

Depuis quelques années, on entend "hipster" à tout va. Mouvement américain, initié à Brooklyn, que sait-on de ce qu'est "être hipster"? Difficile d'en trouver une définition adéquate, surtout que le mouvement a profondément changé depuis ses origines. A l'origine, il s'agissait un style de vie, passant un style vestimentaire façon chemise bucheron et barbe longue, à une façon de consommer plus "bohème". Comme diraient Daniel et Brenna Lewis, les fondateurs de Brooklyn Tailors "une vraie communauté a vu le jour, désireuse de se détacher d'un monde hyperconnecté, déshumanisé - des artistes, des personnes qui ne rentraient pas dans le modèle du succès américain classique ». Cette mode hipster vient sans aucun doute d'un dégoût générationnel de cette consommation de masse se produisant depuis la révolution industrielle, de ces délocalisations à la chaîne et de cette surexploitation incontrôlée des ressources. Une génération de "bohèmes" cherchant à se reconnecter avec des valeurs plus traditionnelles et à s'exprimer à travers une mode vestimentaire et artistique propre. Le hipster cherche avant tout à se rapprocher de communautés locales, plus attentifs et investis dans des sujets proches d'eux physiquement. Il cherchera à consommer différemment qu'il s'agisse de lieux de culture ou de sortie peu populaires ou de modes alimentaires alternatives comme le véganisme, tout en gardant une attitude cool et un style vestimentaire pas des moins onéreux. Globalement le mouvement hipster semble bon pour la planète, des gens consommant de façon locale, aimant une mode du biologique et du durable, promouvant des produits responsables et ne surconsommant pas. Une communauté babacool bien qu'élitiste et un peu vaniteuse. Le hipster se déplace en vélo, mange sain et porte bien la barbe et les lunettes. Il connaît tous les endroits sympas et moins fréquentés où l'on peut boire une bonne bière produite localement et un bon hamburger végan. Du coup, ça a fait rêver et beaucoup de gens ont voulu devenir hipster Et c'est bien là le problème: le hipster est devenu une mode, aux dépens de sa propre image. Le mouvement hipster s'est généralisé au point d'en perdre son originalité et les valeurs originelles de celui-ci qui répondait à une société sur-mondialisée et sur-consommatrice, il est devenu lui-même une mode de consommation globalisée. Aujourd'hui, les journalistes et média parlent de la "fin" du mouvement hipster et du début du post-hipster. La raison ? Le mouvement hipster a débuté dans les années 2000, et certains hipsters sont aujourd'hui en âge d'être parent. Vieillissante et ringardisée, ce mouvement a été perçu depuis quelques années comme élitiste, et critiqué par certains car les anciens quartiers "d'artistes" sont devenus aujourd'hui des quartiers branchés et excessivement chers. Ben oui, le "vieux" hipster a les moyens de s'acheter des appartements malgré son look de fermier urbain. Ainsi les millenials -les moins de 30 ans, arrivés en plein essor ce mouvement hipster, ne cherchèrent pas à créer une mode différente - même s'ils diront le contraire - mais à globaliser le mouvement hipster selon leurs propres termes, tout en changeant de nom pour quelque chose de bien différent qui sonnera aussi cool. Millenial? Yuccies? Yuppies? Normcores? Peut-être en avez-vous entendu parlé. Au final, rien de bien différent, si ce n'est que l'on revient sur une consommation de masse de produits "hipster", d'une auto satisfaction proche du narcissisme, postant tout sur Instagram et sur Périscope, mais ne portant plus la barbe ni les lunettes car c'est ringard et franchement démodé. Et surtout, ne les appelez JAMAIS hipsters. Cette génération ne cherche plus simplement à atteindre ses rêves mais à en vivre. Les Yuccies sont en quête de sensations et ne cherchent à répondre qu'à eux-mêmes et leurs followers sur Instagram, ce qui les rend très entrepreneuriaux et créatifs. Le yuccies ou millenial post hipster consomme en masse et des produits plutôt chers mais ne postera uniquement les "trucs cools" sur son Instagram. Il ne vivra pas à la poursuite des valeurs qui ont fondé le mouvement hipster mais bien à la recherche de tendances derniers cris, afin de construire son identité "sociale". Il pourra aussi bien aller à des fêtes de luxe sur des yachts que partager un moment avec des tribus indigènes. Tant que tout çela est Snapchatter bien évidemment, sinon où est le but ? Le post hipster aime le bio, mais pas que, mange parfois végétarien mais pas tout le temps. Ce que cela change pour l'industrie touristique? Depuis 2 ans, des guides des villes les plus "hipsters" sont en ligne et le WTC (World Tourism Council) vient juste de publier une étude mettant le voyage "hipster" comme une tendance majeure de l'industrie touristique. Manger comme les locaux, vivre avec les locaux (Airbnb) et visiter des lieux inédits (LikeaLocal). Berlin fut en quelque sorte la mère du mouvement des villes hipsters et aujourd'hui les quartiers anciennement abandonnés, squattés par les artistes de rue, sont les quartiers tendances avec des cafés et des restaurants coréens au coin des rues. Somme toute, le voyage devient une aventure à partager en ligne: on distingue le touriste et le voyageur. Le Yuccies est un voyageur pas un touriste. Les millenials posthipsters recherchent les mêmes choses lorsqu'ils voyagent tout en voulant encore plus de nouveautés et d'inédit. Etre les premiers à montrer au monde à quel point ils sont cools. Cela implique pour l'industrie de constamment créer et innover, créant de nouveaux concepts comme les pop-ups restaurants et bars, des hôtels aux designs insolites et industriels, des régions autrefois non touristiques prises d'assaut. Maintenant, on est dans le "hipster" consommable et jetable, tout en faisant attention à ce que l'image présentée sur les réseaux sociaux.

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